La sécurité aérienne repose en grande partie sur des procédures d'urgence bien définies et des délais de réponse rapides. En cas de situation anormale impliquant un aéronef, les services de la circulation aérienne (ATS) et les centres de coordination de sauvetage (RCC) suivent des protocoles précis pour évaluer la situation et initier les actions appropriées. Ces protocoles sont régis par des phases d'urgence standardisées au niveau international par l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI).
L'Annexe 12 de la Convention de Chicago de l'OACI établit trois phases d'urgence principales, chacune correspondant à un niveau croissant d'inquiétude quant à la sécurité d'un aéronef et de ses occupants. Ces phases sont cruciales pour guider les actions des services de recherche et de sauvetage (SAR).
La phase d'incertitude est déclarée lorsqu'une situation soulève des doutes quant à la sécurité d'un aéronef. Cela peut survenir, par exemple, lorsqu'aucune communication n'a été reçue d'un aéronef dans les 30 minutes suivant l'heure prévue de réception de cette communication, ou dans les 30 minutes suivant l'heure d'arrivée prévue de l'aéronef.
Dans le cas d'un aéronef sous le contrôle des services de la circulation aérienne (ATS), la perte de contact radio peut entraîner la déclaration de l'INCERFA dans les 10 minutes suivant l'événement. Pour un aéronef non sous contrôle ATS, ce délai peut être plus long, potentiellement jusqu'à 30 minutes.
Durant cette phase, les organismes ATS cherchent à obtenir des informations sur l'aéronef concerné et tentent d'établir la communication.
La phase d'alerte est déclarée lorsqu'il existe une appréhension quant à la sécurité d'un aéronef et de ses occupants. Cette phase est généralement initiée après la phase d'incertitude si les tentatives de communication restent infructueuses ou si d'autres informations suggèrent un problème potentiel.
Des exemples de situations pouvant déclencher l'ALERFA incluent une perte de communication prolongée, des observations d'un comportement anormal de l'aéronef par le contrôle de la circulation aérienne (comme des déviations de trajectoire significatives), ou d'autres indications de difficultés à bord.
Pour un aéronef sous contrôle ATS ayant perdu le contact radio, l'ALERFA peut être déclenchée dans les 20 minutes suivant l'événement initial. Pendant cette phase, les efforts pour établir le contact et recueillir des informations sont intensifiés.
La phase de détresse est le niveau d'urgence le plus élevé. Elle est déclarée lorsqu'il existe une certitude raisonnable qu'un aéronef et ses occupants sont menacés par un danger grave et imminent et nécessitent une assistance immédiate. Cette phase fait suite à la phase d'alerte lorsque les tentatives pour établir la communication et les recherches d'informations à plus grande échelle s'avèrent infructueuses.
La DETRESFA peut également être déclarée directement si la situation l'exige, par exemple en cas de réception d'un appel de détresse (MAYDAY) ou si le niveau de carburant à bord est jugé insuffisant pour atteindre la sécurité.
Pour un aéronef sous contrôle ATS ayant perdu le contact radio, la DETRESFA peut être déclarée dans les 30 minutes suivant l'événement initial. Une fois la phase de détresse déclarée, le Centre de Coordination de Sauvetage (RCC) prend le commandement des opérations et lance les efforts de recherche et de sauvetage.
Voici un tableau récapitulatif des phases d'urgence de l'OACI et des délais potentiels de déclenchement en cas de perte de communication radio pour un aéronef sous contrôle ATS :
Phase d'urgence | Code OACI | Description | Délai de déclenchement (perte de communication sous ATS) |
---|---|---|---|
Uncertainty Phase | INCERFA | Doute sur la sécurité de l'aéronef et de ses occupants. | Dans les 10 minutes |
Alert Phase | ALERFA | Appréhension quant à la sécurité de l'aéronef et de ses occupants. | Dans les 20 minutes |
Distress Phase | DETRESFA | Certitude de danger grave et imminent, assistance immédiate requise. | Dans les 30 minutes |
La tour de contrôle de la circulation aérienne joue un rôle essentiel dans la surveillance des aéronefs et le déclenchement des phases d'urgence si nécessaire.
Si les normes de l'OACI fournissent un cadre structuré pour les délais de déclenchement des phases d'urgence, plusieurs facteurs peuvent influencer le temps nécessaire pour qu'une alerte soit pleinement reconnue et traitée.
L'efficacité des systèmes d'alerte dans le poste de pilotage et au sol a un impact direct sur le temps de réaction. Des alertes claires, hiérarchisées et facilement compréhensibles permettent aux pilotes et aux contrôleurs aériens d'identifier rapidement la nature et la gravité d'une situation anormale.
L'expérience, l'entraînement et même des facteurs humains tels que la fatigue peuvent affecter le temps de réponse d'un pilote ou d'un contrôleur à une alerte. Des études ont montré que les temps de réponse des pilotes aux alertes peuvent varier, bien qu'ils soient généralement très rapides pour les alertes critiques comme celles de résolution de conflit (RA) émises par le système TCAS (Traffic Alert and Collision Avoidance System), souvent sous les 5 secondes.
Une situation d'urgence complexe avec plusieurs facteurs en jeu peut nécessiter un temps d'évaluation plus long avant qu'une phase d'urgence appropriée ne soit déclarée. La collecte d'informations précises et complètes est cruciale pour prendre des décisions éclairées.
Une perte totale ou partielle des moyens de communication peut retarder le déclenchement des phases d'urgence, car elle rend plus difficile l'établissement du contact avec l'aéronef et l'évaluation de la situation.
En Algérie, les procédures d'alerte en aviation suivent largement les normes et recommandations établies par l'OACI. L'établissement National de la Navigation Aérienne (ENNA) est le fournisseur de services de navigation aérienne et joue un rôle central dans la gestion du trafic aérien et la notification des situations anormales.
Le RCC d'Alger est l'entité principale responsable de la coordination des opérations de recherche et de sauvetage sur le territoire algérien et dans l'espace aérien sous sa responsabilité. En cas de déclenchement d'une phase d'urgence (INCERFA, ALERFA, ou DETRESFA), les informations pertinentes sont transmises au RCC d'Alger, qui prend les mesures appropriées conformément à ses procédures opérationnelles standard (SOPs).
Les alertes provenant de systèmes satellitaires comme COSPAS-SARSAT sont transmises directement au MCC (Mission Control Centre) d'Alger, puis au RCC d'Alger pour action.
Les tours de contrôle, comme celle-ci à Memphis, opèrent 24h/24 et sont en première ligne pour détecter les situations anormales et initier les procédures d'alerte.
Bien que les principes généraux soient conformes aux normes internationales, certaines spécificités peuvent exister en Algérie, notamment en ce qui concerne la gestion des vols intérieurs, des opérations dans des zones éloignées ou désertiques, et la coordination avec d'autres agences nationales impliquées dans les opérations de secours.
En cas de perturbations majeures, comme celles affectant les vols d'Air Algérie en raison de conditions météorologiques ou d'autres facteurs, la communication avec les passagers et la gestion des vols perturbés sont des aspects importants de la réponse de la compagnie aérienne et des autorités aéroportuaires.
Historiquement, l'Algérie a également eu recours à des dispositifs d'alerte en vol pour assurer la surveillance de son espace aérien, notamment pour l'interception d'aéronefs non identifiés. Bien que ce contexte soit différent des urgences civiles typiques, il illustre l'importance des délais d'intervention rapides dans certaines situations.
Le déclenchement d'une phase d'urgence initie une série d'actions coordonnées visant à garantir la sécurité des personnes à bord de l'aéronef et à minimiser les risques au sol. Ces actions varient en fonction de la phase déclarée :
Les délais de déclenchement des phases d'urgence sont donc des éléments cruciaux pour initier ces réponses coordonnées dans les plus brefs délais possibles, augmentant ainsi les chances de succès des opérations de sauvetage si elles s'avèrent nécessaires.
Les véhicules ARFF (Aircraft Rescue and Fire Fighting) sont essentiels pour répondre rapidement aux urgences aéroportuaires une fois les phases d'alerte déclenchées.
Selon les normes de l'OACI, en cas de perte de communication radio avec un aéronef sous contrôle ATS, la phase de détresse (DETRESFA) peut être déclarée dans les 30 minutes suivant l'événement si les tentatives précédentes (Uncertainty et Alert phases) n'ont pas permis de résoudre la situation.
Les délais standard de l'OACI s'appliquent généralement aux aéronefs sous contrôle ATS. Pour les aéronefs qui ne sont pas sous contrôle ATS, comme certains vols en espace aérien non contrôlé, les délais avant le déclenchement des phases d'urgence peuvent être différents et potentiellement plus longs, car le suivi de l'aéronef repose sur des points de compte rendu périodiques.
La réception d'un appel de détresse (MAYDAY), la confirmation d'une situation critique (comme une panne moteur grave), l'activation d'une balise de détresse (ELT), ou des observations visuelles ou radar d'une situation anormale peuvent accélérer le déclenchement d'une phase d'urgence, même si les délais standard basés sur la perte de communication ne sont pas encore atteints.
Les caractéristiques de l'opérateur, telles que l'âge, l'expérience et la fatigue, peuvent influencer le temps de réaction à une alerte. Cependant, les procédures standard et la formation rigoureuse visent à minimiser ces variations et à garantir des réponses rapides, en particulier aux alertes critiques.
Les systèmes d'alerte modernes, tels que les systèmes de gestion de vol intégrés et les affichages dans le poste de pilotage, sont conçus pour présenter les informations de manière claire et hiérarchisée, ce qui permet aux pilotes de reconnaître et de réagir plus rapidement aux situations anormales. L'automatisation peut également jouer un rôle en fournissant des alertes précoces.